Je me trouve en Angleterre pour améliorer mon accent, pour passer une année tranquilou avant de partir m'enterrer en Master 1 enseignement mais aussi pour découvrir la culture anglo-saxonne. Comme j'ai déjà dû le dire auparavant, je m'étonne chaque jour de ces différences qui existent entre nos 2 cultures, pourtant séparées que de quelques kilomètres par une mer marron. En tant qu'assistante et probablement future prof en France, je ne peux que m'intéresser aux différences qu'il peut exister entre l'école française et l'école anglaise.
Avec mes yeux de française expatriée depuis et encore pour 4 mois, voici ce que je contaste sur l'English way of teaching:
- Bon, le truc qui saute aux yeux: l'uniforme. Au moins, les questions de "tes parents sont riches, les tiens sont pauvres vu ce que tu portes" ne se posent pas. Et ils ne rigolent pas là-dessus. Si l'uniforme n'est pas bien "porté", genre si le top button n'est pas fermé, si la cravate est mal faite, si la chemise dépasse du pantalon, tu te fais engueuler. Tout le monde est logé à la même enseigne, ça c'est bien. Les filles n'ont pas le droit aux talons, à trop de bijoux, à du vernis voyant, à du maquillage à fond les ballons qu'on peut voir sur le visage dès le vendredi soir. Là encore, on est d'accord (par contre le vernis, je trouve ça un peu poussé: on a déjà renvoyé une élève de cours pour qu'elle aille enlever son vernis, ... Quelle perte de temps!). Par contre, y'a un moment où faut qu'ils arrêtent de se foutre de la gueule du monde sérieux: les jupes des filles sont raz la salle de jeu ! Non mais vraiment, la jupe s'arrête au niveau de la fin de leurs fesses. C'est pas que je les mate, mais ça se voit quand même. Rajouter 5cm c'est quand même pas la fin des haricots, si ?
- Niveau politesse, on est bien. Les petits anglais sont bien élevés je n'ai entendu que très rarement des profs parler d'insultes ou autre. Bien sûr, certain(e)s ont un comportement qui dépasse l'arrogance, les élèves essaient de provoquer, mais on ne tombe jamais dans la violence verbale. Ce me semble qu'en France la situation n'est pas aussi bonne....
Alors oui, ils sont bien gentils, ils disent bonjour, toussa toussa, mais quelle bande de bébés assistés !!! Il faut que le prof soit un troisième parent, il faut qu'ils soient entourés et babysittés, oui encore à 15 ans !!! Cette profusion de points d'exclamation tend bien à montrer que oui, ça me gonfle genre ve-gra. Il faut toujours être derrière leur cul, toujours être disponible pour chacun, limite il faut tout leur faire. Même pour les exercices, certains sont passés pro, j'ai des cas et parfois j'ai envie de leur dire: "Arrête de te foutre de ma gueule et démerde-toi, sors toi les doigts !". "Et ça, ça veut dire quoi ? Et ça ?" "Ça veut dire lève-toi et prend un dico!" Merde alors. Aussi, j'ai déjà dû le mentionner tellement ça me tue, on leur donne papier, stylos, cahiers, règles, stabilos, colle, etc. Lorsqu'un élève dit qu'il n'a pas ça ou ça, le prof soupire et donne ce qu'il lui manque. N'oublions pas que toutes ces fournitures sont payées via le budget dont dispose chaque département, ce qui laisse des sous en moins pour de nouveaux dicos, par exemple. Moi j'dis ça, j'dis rien ... En France, les parents se doivent d'acheter les fameuses fournitures scolaires. Si l'élève n'a pas de feuille, il demande à son voisin. Faut pas rêver que le prof va lui en fournir gratos. Ici, rien n'est trop beau pour leur bien-être. Blablabla, sortez les violons.
Si l'élève ne veut pas se sortir les doigts (ouai, j'aime bien cette expression que j'ai piqué à mon MT), le prof doit presque le faire pour lui. Le prof se doit de booster tous les élèves, de faire son cours de manière à intéresser tout le monde, sinon il se fait taper sur les doigts. Sauf que si l'élève ne veut pas, y'a rien à y faire.
- Parlons un peu de ce fléau que représentent les announcements. Il s'agit de petits billets postés sur le site de l'école dans la rubrique staff. Les membres du staff y mettent leurs dernières infos concernant un voyage, un élève qui vient d'être mis en report ou qui est exclus, les dates des prochaines réunions, examens et tout le tintouin administratif. Bon, jusque là, on est bon. Sauf qu'il y a un moment où ça dépasse l'entendement. Voyez plutôt:
"Veuillez veiller à ce que Gisèle se sente bien en classe. Ne la grondez pas si elle ne travaille pas: elle vient de perdre son hamster et vit une période difficile de sa vie actuellement."
Et j'exagère à peine ! Voilà donc aussi le genre de billet que l'on peut trouver. L'école est au courant de tout ce qu'il se passe à la maison et les profs doivent à agir en conséquence, au cas par cas lors de leurs cours. Même lorsque 2 élèves se sont disputés, on le sait et on nous dit aussi qu'il ne faut pas les asseoir l'un à côté de l'autre. On trouve encore un nombre incalculable de conneries comme je les appelle, et ce chaque jour. Les problèmes à la maison doivent rester à la maison. C'est pas une mauvaise chose au fond, ça évite les malaises, mais trop c'est trop.
- Les élèves savent qu'on est derrière leur cul, savent qu'ils ont plus de droits que de devoirs (d'après ce que je vois hein! Ma vérité n'est pas forcément celle de tout le monde) et ils en profitent. Leur bien-être avant tout, soit. Hier, j'avais un groupe de 7 élèves de Y11 avec moi, ils faisaient un listening, comme si c'était leur exam mais pour de faux (un mock exam quoi). Ils s'installent, bavardent un peu, je lance le cd. Les questions s'enchaînent, puis 15min plus tard, une élève me demande: "Est-ce que je peux aller rapidement aux WC ?" Là, tout se passe très vite dans ma tête:
"Heu ... Mais là on est en plein listening test, je vais pas tout arrêter pour que tu ailles pisser."
"En plus tu sors du lunch time, t'avais le temps d'y aller avant, faut pas se foutre de la gueule du monde non plus."
"Donc j'ai décidé que non tu n'iras pas pisser, en accord avec moi-même. Maintenant faut que je dises pourquoi je dis non, parce que sinon je vais passer pour la méchante française qui comprend pas qu'on peut avoir envie de faire pipi très fort."
"C'est bon je sais: je vais dire que je ne suis pas autorisée à la faire sortir de cours. Finalement, le statut flou de l'assistante, ça aide !"
Et donc j'ai dit non. Elle a demandé pourquoi (genre elle a osé demandé pourquoi j'ai dit non, quelle audace ils ont parfois!) et j'ai dit que je n'avais pas le droit de la laisser sortir. Finalement, elle n'a pas fait grand chose à part me regarder avec un air de chien battu, gesticuler et soupirer. Elle a râté son "exam". Elle a dit à Claire, sa prof de français avec qui je bosse, que c'était parce qu'elle avait envie d'aller aux WC et qu'elle se sentait pas bien. Poor you. C'est pour ça que l'heure suivante t'avais l'air de bien t'amuser avec ta caramade sur ton pc alors que t'avais des exos de français à faire dessus ? ....
Je suis française, je suis habituée aux méthodes françaises et j'ai l'impression d'être vachement plus stricte que mes collègues anglais. Même si je n'ai pas forcément à l'être, puisque je n'ai pas tant de responsabilités que ça. - Les profs sortent aussi des trucs qui me font hérisser les cheveux sur la tête. Je vais le ressortir tellement ça me sidère: "Merci pour avoir fait vos devoirs." Mais WTF seriously ?!! Attend, si tu donnes des travaux à faire, ils doivent les faire, POINT. Y'a pas à les remercier, faire leurs devoirs ça fait partie de leurs devoirs en tant qu'élèves (je n'ai pas pu éviter la répétition du mot "devoirs", mes profs me tueraient s'ils voyaient ça). Mais où allons-nous ? On ne sait pas où on va, on ne sait pas, on ne sait plus, on n'a jamais su (cf: José dans Scènes de Ménages, incultes que vous êtes peut-être!). Pareil, pour les heures de soutien dites obligatoires: "Merci d'être là". Si c'est obligatoire, ils doivent être là, c'est tout. Bientôt, on leur dira: "Merci de m'avoir écouté, merci de ne pas avoir perturber mon cours, merci pour avoir copié ce que j'avais dit qu'il fallait copier, etc." Les élèves devraient plutôt remercier leurs profs pour toute l'énergie qu'ils mettent à essayer de leur faire apprendre et comprendre des trucs pour la réussite de leur exam, et non l'inverse.
- La politique du taux de réussite par établissement est d'or. Cette année, les profs doivent avoir 97% de réussite au GCSE (exam que passent les Y11) dans leur matière respective. Je suis nulle en maths, mais 97% d'une classe de 28 élèves, ça fait pas un compte rond je crois. Et puis, 97% c'est énorme ! En France, on peut avoir accès aux résultats des établissements pour les différents BAC, mais on s'en fout en fait. Moi ce qui m'intéresse c'est le pourcentage de bacheliers (en L, car les littéraires dominent le monde, c'est bien connu) dans toute la France. Ici, y'a compétition entre les établissements, les chiffres règnent en maître, et non sans conséquences. Les élèves de Y11 sont perpétuellement en exams, toute l'année, ils bûchent sans arrêt. Les pauvres sont tout le temps stressés, aucun répit ne leur est accordé: lorsqu'un exam est passé, on se remet au boulot et on prépare le suivant. Mon MT m'a dit que les nerfs de certains devraient lâcher d'ici avril. Je devrais logiquement croiser des élèves en larmes. Ambiance sympathique. Les profs ne sont pas en reste: on viendra leur taper sur les doigts si les résultats ne sont pas bons, genre c'est de la faute du prof qui ne sait pas enseigner correctement sa matière (et là je vous renvoie aux élèves qui n'ont pas envie de se sortir les doigts).
Autre chose: les exams sont gérés par des maisons d'éditions qui se font aussi la guerre, du coup. Le gouvernement ? ... Bah lui il donne le programme de l'année et, bin voilà apparemment. Les profs corrigent les copies, envoient les meilleures aux maisons d'édition (ou un truc du genre, c'est complexe même pour les principaux concernés) qui recorrigent derrière et qui peuvent modifier la note. Ouai, comme ça. Et si jamais, toi prof en GB, t'es pas content de la nouvelle note et que tu veux voir la copie, déjà faut demander et puis surtout faut payer !! Hahaha, c'te blague qu'elle est bonne ! Et c'est autant par copie, de la poche du prof. Bref, c'est un peu du caca ce système. Là on se dit qu'on est quand même un peu mieux loti en France, finalement.
- Le prof en lui-même. Ici, pour être prof, tu passes ton PGCE. Ça se passe sur 1an, t'es genre prof stagiaire autant de temps, puis t'es autant de temps à la fac. On m'a dit qu'on était mieux préparé à être prof ici qu'en France. Si tu veux être prof de français, faut aussi que tu sois capable d'enseigner autre chose. Par exemple, tu passes un autre truc qui prouve que tu as le niveau Bac pour l'allemand et comme ça tu peux "enseigner" le français et aussi un peu l'allemand. Faut être polyvalent ici. Si tu veux un poste, tu te débrouilles: tu postules aux offres d'emploi que tu trouves. Du coup, tu choisis où tu es. En France, t'es envoyé là où on a besoin de toi. Je reviens sur la polyvalence: ici, si par exemple le prof de cuisine est absent et que toi à cette heure-là t'es là mais tu fous rien, on peut te demander de remplacer ce prof. Enfin, on demande pas, on impose en fait. Et donc là, tu fais ce qu'on appelle une cover. En général, le prof absent laisse ses directives et il suffit de suivre les consignes. Moi je trouve que c'est nul, comment un prof de maths pourrait gérer un cours de français s'il ne parle pas un mot de français ? Bah il peut pas. Il va donner les exos et faire des trucs sur son ordi, en attendant. C'est bien d'être polyvalent, c'est une belle idée, mais soyons un peu réaliste tout de même: cela évite de devoir embaucher et payer quelqu'un d'autre, c'est tout.
Je pense avoir fait le tour. J'ai remarqué beaucoup de choses dis donc ! Je me disais que si je n'arrivais pas à avoir le CAPES (ou à survivre au Master, tout simplement) alors peut-être je pourrais être prof en GB. En fait, je ne sais pas si c'est mieux. Beaucoup de choses m'agacent ici. Idéalement, j'aurais mes règles de conduite françaises que j'imposerais en cours. Les élèves me détesteraient je pense, ils n'ont pas l'habitude des méthodes strictes. Veillons à ne pas bouleverser leur petit monde douillet. Il n'empêche qu'une fois lâché en Y12, au lycée donc, tout est différent. Ils devront être autonomes, ce qu'ils ne sont pas tous en Y11. La claque qu'ils vont se prendre, ça va leur faire tout drôle.... Mais sinon, je les aime bien.
Ça y est, la française a fini de râler et de pestiférer. Beaucoup d'assistants confient que leur boulot n'est pas des plus palpitants, qu'ils s'ennuient à devoir faire et répéter 56x la même chose. Ils n'ont même plus envie d'aller à l'école. Moi je ne suis pas

Bon, je vous que le constat est plus ou moins le même partout : Des élèves assistés gérés par des profs dépassés par les contraintes imposées par une école qui se gère désormais comme une entreprise. Rendement, rendement. Avant de partir en Angleterre je sortais d'une année en tant que pionne et ma vision du système scolaire Français était mauvaise mais après quelques mois ici, y a pas photo, la France va mal, mais pas tant que le Royaume - Uni. Si ça te gène pas, je vais mettre un lien pour ton article sur mon blog parce que j'aime beaucoup ce que tu dis dans cet article. (Si tu veux pas, dis le moi, pas de souci !)
RépondreSupprimerVas-y, je t'en prie =)
SupprimerJe pensais passer pour la française chieuse de première qui critique tout mais apparemment ce n'est pas une illusion ce que je constate ^^
C'est TOUT A FAIT ce que je ressens et que je vois!!
RépondreSupprimerJe ne savais pas que tu voulais devenir prof aussi!!
Je rentre pour mon master FLE/ PGCE
et revenir dans 2 ans.
Pour mon retour, j'irai dans une plus grande ville par contre comme Londres, Manchester, Liverpool ou Bournemouth!
Tu voudrais préparer quel master?
Bises
Mara xxx
Moi je pars en master enseignement Anglais afin d'être prof d'anglais en France. J'espère réussir mon CAPES ^^
SupprimerJe me disais que si jamais je n'y arrivais pas, je pouvais aussi revenir en GB pour faire un PGCE. Mais ça, ce serait un plan B (et encore, j'ai un peu de mal avec le système anglais parfois comme tu peux le voir ^^)
Le master enseignement devrait pas poser de problème, quand on sort du lycée on a peur de la licence, puis en sortant de la licence, on a peur du master, mais c'est à la portée de toute étudiante un peu dégourdie, comme toi, ou moi. Bon moi j'en suis à mon deuxième master (ouais, un master enseignement sans concours ben ça sert à rien, et un concours PE à 3000 postes nationaux, merci la réforme) et je cale sur la fin... Mais j'envisage de devenir prof en UK, allez hop encore une année ! Sauf que moi j'irais pas faire un PGCE, mais plutôt le SCITT, qui se passe davantage en école qu'à la fac. Cependant être prof pour les Yr11 et cie, plutôt me pendre, tout ce que tu décris, je pourrais le décrire aussi, même constat (d'ailleurs dans ma famille on dit "se tirer le doigt du c**" ^^) et ça me hérisse, sans parler de la pression que les profs ont. Je me dis qu'en école primaire ça sera un peu moins la pression (non? je me leurre ?), j'envisage même de me former pour être prof en "early years", parce qu'après tout, j'avais entamé ma licence en rêvant d'être prof des écoles... en maternelle. Que de désillusions depuis. Bref, une année de formation en UK c'est £9000 et faut passer des tests en litéracie et numéracie, ça rigole pas. Première étape, finir mon M2. Bon courage à toi, prof d'anglais en collège français, kill me now, faut le vouloir, mais heureusement qu'il y a encore des volontaires !
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