Voilà quelques jours que je suis rentrée en France. J'ai retrouvé ma famille, mes petites habitudes, mes chats: je suis contente. La page de l'assistanat se tourne tranquillement, sans faire mal. Je suis en vacances pendant 3 mois avant de reprendre ma vie d'étudiante, avant de partir en master et de trimer comme une malade pour avoir le CAPES. Mais je n'y suis pas encore alors je préfère ne pas y penser, pas tout de suite.
J'ai donc passé 8 mois à l'étranger, au Royaume-Uni afin d'améliorer mon anglais (vocabulaire et accent) et aussi d'avoir une expérience professionnelle dans l'enseignement pour voir si je ne me trompe pas de voie en choisissant de devenir professeur d'anglais dans le secondaire. Cette année me permettait aussi d'avoir une année de pause après ma licence et avant de commencer le master, pause dont j'avais grandement besoin afin de repartir sur de bonnes bases, fraîche et motivée. Il est maintenant temps de voir ce que cette expérience m'a apporté, si elle a été à la hauteur de mes espérances, si j'en ressors différente: bref, c'est le bilan.
Le côté professionnel:
La brochure du CIEP et toute la pub faite autour du job d'assistant de français à l'étranger font miroiter des choses qui ne sont pas tout à fait vraies. Je pensais pouvoir apporter beaucoup de choses à mes élèves, parler français sans que cela ne les gêne, pouvoir gérer des cours comme une grande. Quelle ne fût pas ma déception quand je me suis rendue compte de ce qu'allait être cette année: voir des petits groupes de 3-4 élèves et faire des activités préparées par les profs, rester plantée dans la classe à regarder le/la prof faire son cours, passer dans les rangs voir si on n'a pas besoin de mon aide, être un dictionnaire sur pattes et enfin être envoyée faire des photocopies, découper des feuilles cartonnés afin de créer des match up, des dominos, faire de l'administratif pour aider les profs dans leur masse de travail.
Voilà, ça, c'était en gros mon année d'assistante de français en Angleterre. Ceci est MA réalité, je pense que cela dépend beaucoup des écoles et de leur gestion de l'assistant qu'elles accueillent. Je n'ai pas détesté mon job, je ne l'ai pas adoré non plus. J'ai passé de bons moments en classe, avec les élèves en face to face, en groupe mais je voulais tellement faire plus que ça. Je me suis parfois ennuyée à faire et refaire les mêmes choses pendant des semaines. Je pense que le CIEP idéalise ce travail, j'en attendais tellement. Je ne voulais pas croire les avis des précédents assistants qui disaient que ce n'était pas tip top, mais maintenant je suis d'accord avec eux. C'est une expérience sympa mais ce n'est pas le job d'une vie.
D'un autre côté, j'ai pu voir l'envers du décor, voir comment ça se passe quand on est derrière le bureau du prof. Mon MT a tenté plusieurs fois de me dissuader gentiment de devenir prof, en faisant mine que ce travail est épuisant, chiant etc mais j'ai bien vu dans son œil que finalement, il était fait pour ça et qu'au fond de lui il l'aime ce travail. Je ne l'ai pas encore exercé mais moi aussi j'aime ça. Cette année si près de l'enseignement m'a conforté dans mon choix. J'ai vu des méthodes d'enseignement qui m'ont plu, d'autres moins mais je n'ai que la version britannique pour le moment. Je ne pourrais pas être prof de français en Angleterre, je crois que je finirais par tuer quelqu'un. Les élèves anglais sont vraiment adorables et polis mais ils sont trop assistés de la vie. Ce sont des enfants rois incapables d'être indépendant. J'ai eu du mal à le supporter parfois: ah cette éducation à la française me convient mieux pour le coup ! Il me tarde de la découvrir cat j'en ai de vagues souvenirs (il paraît que ça s'est modernisé depuis le début des années 2000).
Le côté culturel et social:
Je n'avais pas vraiment d'image de la culture britannique, mis à part qu'ils ont une reine qu'ils chérissent et qu'ils sont chiants à ne pas avoir la même monnaie que nous ces rosbif. J'ai été plongée dans cette culture dès mon arrivée en Angleterre: seule une mer nous sépare et nous sommes pourtant si différents. Je pense pouvoir dire maintenant que j'aime vraiment la culture anglaise, le mode de vie qu'on a lorsqu'on y est me convient très bien. J'ai aimé aller au pub boire un verre, y manger parfois, aller en boîte avant minuit et rentrer à 3h du matin car après ça ferme. Les anglais sont des êtres très intéressants mais malheureusement
Ma vie sociale n'a donc tourné qu'autour des assistants de la région que je voyais tous les week-end. Nous avons vécu de bons moments ensemble et je garderai de bons souvenirs de nos journées et de nos soirées. Je ne sais pas si j'en reverrai à l'avenir cela dit.
Je n'ai pas pu visiter beaucoup d'endroits contrairement à mes collègues assistants car je rentrais toutes les vacances en France et que mon budget "loisirs" n'était pas aussi élevé que le leur à cause de mon budget "transport" pour aller travailler. Je pense que quand même, comme je ne suis pas très loin de la Grande-Bretagne, j'aurai l'occasion plus tard de visiter un peu plus l'île. En fait, je crois que si je devais vivre toute ma vie en Angleterre, (avec famille, amis et chats) je le vivrai bien car oui, on vient vraiment bien là-bas.
Le côté personnel:
A la base, je suis déjà quelqu'un de mature et indépendant. Partir seule et devoir m'occuper seule de moi-même n'a donc pas été un frein pour moi. Bien sûr, les premiers jours ont été difficiles car on se retrouve tout d'un coup seul dans un pays qu'on ne connaît pas. Mais ça passe assez rapidement et on profite de cette expérience. Quand je suis arrivée, j'avais du mal à suivre une conversation, je cherchais mes mots et ça ne me plaisait pas de devoir afficher mon sale accent français devant tout le monde. Aujourd'hui, je sais que j'ai progressé car:
- suivre une conversation et y participer n'est plus un problème
- je ne cherche que très peu mes mots
- j'ai élargi mon vocabulaire de la vie quotidienne
- quand je m'écoute parler anglais, je n'ai plus envie de m'auto-baffer
- je n'ai pas forcément besoin de sous-titres quand je regarde un film en VO
Il n'y a rien de mieux que de partir en immersion pour améliorer son niveau d'anglais. Je suis vraiment contente à ce niveau là. Mon problème maintenant, c'est de parler un français correct. Bah oui, j'ai amélioré mon anglais mais j'ai perdu mon français. Quand j'écris en français, je fais des fautes que je ne faisais pas avant. Mais le pire, c'est quand je parle français et que je perds mes mots et que tout ce que je sais dire, c'est le mot en anglais. Je perds parfois des mots ou expressions en français car tout ce qui me vient, c'est l'anglais. C'est fou ! Ce n'était pas prévu au programme ! Et puis j'anglicise ce que je dis aussi du genre: "Ca fait sens ou pas ?" pour "Does it make sense ?"; "Ca c'est bullshit" ou encore des interjections qui sortent de ma bouche en anglais du type "Jesus !", "Oh
Maintenant, je prends aussi les choses de manière plus posée: j'ai attrapé le très célèbre flegme anglais (cf plus haut quand je parle des retards de train). Je ne m'énerve plus pour un rien, je reste calme face aux abrutis qui conduisent comme des manches. Je m'étonne de l'attitude des français que je trouve hautaine et exagérée face aux aléas de la vie, jamais contents et qui râlent à tout va. Les français ne donnent pas une image très sympathique d'eux-mêmes. Je les surnomme "les français de base". Je préfère les anglais aux français, clairement.
J'ai aussi un peu pris cette façon qu'ils ont de se foutre royalement de ce qu'on va penser d'eux en portant des choses un peu, voire beaucoup, inhabituelles et décalées. J'ai moins peur de m'habiller un peu différemment maintenant. J'ai toujours eu ça en moi, je porte des choses originales, surtout en ce qui concerne les accessoires en fait: bijoux, sacs, foulards, ... Avant, je les avais dans mon placard, maintenant je les porte et celui à qui ça ne plaît pas, qu'il aille rôtir en enfer. Je pense être faite pour la culture anglo-saxonne, je ne suis pas née dans le bon pays je crois.
Je pense avoir un peu changé finalement. Une petite touche différente, juste ce qu'il faut.
Comme dit plus haut, je suis maintenant sûre que je veux devenir prof grâce à cette année d'assistanat. Je n'ai pas réellement enseigné, mais presque et j'ai aimé ça: le contact avec les élèves, avoir la sensation de transmettre son savoir, de leur apporter quelque chose qui leur sera utile, voir qu'ils comprennent et apprennent de nouvelles choses. Je suis prête à me donner à fond pour y arriver. J'espère qu'une fois que j'y serai, je ne vais pas être déçue.
En conclusion ...
Je dirais que cette expérience est globalement très positive, que ce soit d'un point de vue professionnel, culturel ou personnel. J'ai beaucoup appris sur le pays, sur le métier, sur moi. Je pense que c'est une expérience à vivre si on se sent prêt à sauter le pas. Elle ne pourra apporter que de bonnes choses. Attention cela dit à ne pas tout idéaliser: le boulot n'est pas très épanouissant (ça c'est vraiment le gros point noir de mon expérience), on a parfois des coups de blues et on se sent homesick (surtout après Noël, pour moi). Je sais aussi que l'expérience ne s'est pas aussi bien passée pour d'autres assistants d'autres régions, ça arrive et il faut le savoir. Il peut y avoir des coups durs mais hé, c'est la vie. Huit mois entrecoupés de retours à la maison (à Noël tout du moins) ce n'est quand même pas la mort, et ça passe hyper vite: je n'ai pas vu cette année passer.
Si vous avez l'occasion de le faire, alors saisissez la, vous n'en ressortirez que grandis et enrichis à tout point de vue. Et puis comme diraient deux grands philosophes de ma génération: Hakuna Matata.
Une belle page se tourne.
J'espère avoir aidé (ou diverti) les futurs assistants ou même les anciens, ou ceux en poste. Si je peux vous être utile, n'hésitez pas à me contacter ici ou via un célèbre réseau social. Certains ont réussi à m'y trouver et je ne suis absolument pas fermée à vos questions (en fait, j'aime bien aider les gens, me sentir utile, tout ça). Ce serait bien que je puisse lire d'autres témoignages des assistants au RU en 2013/2014 (j'aime lire). Tenir un blog n'est pas forcément facile, sauf pour les gens comme moi qui tendent à s'exprimer beaucoup par écrit (un peu moins à l'oral) mais ça fait comme un livre souvenir, c'est rigolo à relire quand le temps a passé. Bon après, vous faites comme vous voulez hein !
Voilà, c'était ma petite vie d'assistante de français au Royaume-Uni et c'est désormais bel et bien fini. Je m'en vais reprendre ma vie d'étudiante, un peu plus boring que cette partie de ma vie que j'ai beaucoup apprécié.
Life goes on. Take care !
xxx
Elodie.